« On savait déjà depuis longtemps que le roman englobait à la fois OUI OUI et Histoire d’0, et que le cinéma de Jugnot n’était pas le même que celui de Godard. On découvre tardivement que Persépolis (Marjane Satrapi) ne concourt pas dans la même catégorie que Michel Vaillant (Michel Graton) » (1).
En 2005, cette affirmation humoristique d’Evariste Blanchet permettait de comprendre qu’il existait plusieurs bandes dessinées tout en suggérant la nécessité de répertorier et d’analyser ce que l’on pourrait nommer la bande dessinée contemporaine.
Mais comment définir la bande dessinée contemporaine et peut-il exister une bande dessinée produite aujourd’hui qui ne soit pas contemporaine ? On affirmera, par analogie avec l’art contemporain, que toute la bande dessinée ne peut être contemporaine au même titre que l’on qualifie difficilement d’art contemporain, l’œuvre d’un artiste qui peint, encore de nos jour, des « Poulbots" à Montmartre ou des « Marines » pour une galerie du Touquet et cela quelque soit la virtuosité proposée.
On remarquera que la bande dessinée contemporaine possède une histoire largement enregistrée et commentée et que nombreux sont les artistes qui défient depuis des décennies le genre : de Gilbert Shelton à Aurélie William-Levaux, en passant par Moebius, Philippe Druillet, Chris Ware, Christophe Blain et tant d’autres. On ajoutera alors qu’un auteur se doit d’avoir conscience d’appartenir à cette histoire et qu’il se doit de maltraiter son médium en multipliant les hybridations avec les autres disciplines artistiques pour en faire jaillir des aspects inconnus.
Enfin, on en conclura que le rôle d’une biennale comme celle du Havre est de répertorier, de façon non exhaustive, les plus convaincantes de ces hybridations, au sens latin du mot, au sens «de sang mêlé ».
Visuel de Christophe Blanc
Alain Berland
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